Des familles venues du Poitou et d’Anjou, des pêcheurs basques et bretons et même quelques Écossais s’installent ensuite non loin de là, autour de la baie de Fundy.
L’agriculture est pratiquée activement, du bétail étant importé et des moulins construits. Les Acadiens utilisent une technique d’agriculture unique en Amérique du Nord, soit l’assèchement des marais par des levées munies d’aboiteaux. Le système est très efficace contre les fortes marées de la baie de Fundy. Les premiers aboiteaux sont construits durant les années 1640, puis la technique se répand sur son littoral jusqu’au 18e siècle.
Très rapidement, cette petite nation se trouve confrontée aux guerres que se livrent les puissances européennes et en 1755 les premières déportations commencent. C’est le Grand Dérangement. L’Acadie est rayée des cartes géographiques et ses habitants sont déportés dans plusieurs colonies britanniques d'Amérique du Nord et pourchassés pendant huit années complètes, devant tant bien que mal s’accoutumer à d’autres cieux.
Pourtant, ils s’accrochent à leur identité et à leur histoire et, ce faisant, continuent de faire grandir l’Acadie. Ce n'est qu'en 1763 que l'Acadie, pratiquement détruite, reprend vie.
Au Nouveau-Brunswick, les Acadiens s'installent surtout le long des côtes, de Cap-Pelé à Miscou et à l'intérieur des terres jusqu'à St-Jacques, au nord-ouest de la province. En Nouvelle-Écosse, ils prennent racine à la Baie Ste-Marie et au Cap Breton, tandis qu'à l'Île-du-Prince-Édouard, on les retrouve initialement dans la région Évangéline et à Terre-Neuve, sur la côte ouest de la province.
L’Acadie moderneLe Collège de Memramcook et l'Université Sainte-Anne, fondés à la fin du 19e siècle, donneront à l'Acadie un souffle nouveau. Par le fait même, l'Acadie entrera dans l'ère de la modernité, accomplissant un progrès déterminant en matière d'éducation, de justice sociale et de droits linguistiques.
Dans les années 1960, l’Acadie se sent pousser des ailes. Le Canada proclame en 1969 sa Loi sur les langues officielles, une initiative suivie, la même année, par la province du Nouveau-Brunswick sous la gouverne de Louis J. Robichaud. Le bilinguisme officiel donne aux Acadiens et Acadiennes, partout dans la région Atlantique, un levier pour obtenir des institutions postsecondaires, créer leurs propres associations, organismes de revendications et de développement.
Dorénavant, l’Acadie est en mesure de former elle-même ses enseignants et ses élites. Ses collèges deviennent des universités – l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse et l’Université de Moncton au Nouveau-Brunswick. L’Acadie dispose de nombreux journaux, Radio-Canada s’y installe. Des artistes acadiens de plus en plus nombreux expriment fièrement une identité gagnée de haute lutte.
L’Acadie est aujourd’hui une société moderne et diverse, à l’image d’un peuple qui a su se tenir debout face à l’adversité.
L'Acadie du Canada atlantique compte aujourd'hui plus de 300 000 Acadiens et Acadiennes fiers et forts de leurs origines.
Symboles de l'AcadieLes symboles tels que les armoiries, les drapeaux et les devises servent de moyens d'identification aux pays, aux nations, aux groupes, aux institutions, aux familles et aux individus. Ces symboles reflètent leur histoire, leurs valeurs et leurs traditions.
Les premiers nationalistes acadiens ont donné à l’Acadie les premiers symboles officiels de son identité culturelle. À la Convention nationale acadienne de Memramcook, au Nouveau-Brunswick, tenue en 1881, les délégués choisissent une date en guise de fête nationale de l’Acadie. À la deuxième Convention nationale qui a eu lieu à Miscouche, à l'Île-du-Prince-Édouard, en 1884, ils choisissent un drapeau, un hymne national, une devise et un insigne. Ces symboles deviennent une manière de stimuler le sentiment d'appartenance au peuple acadien.
Le drapeau acadien
Lors de la Convention nationale de Miscouche, les délégués adoptent un drapeau et optent pour le tricolore français avec une étoile dorée dans la partie bleue.
La proposition explique la signification du drapeau : « Que le tricolore soit le drapeau national des Acadiens-français. Comme marque distinctive de la nationalité acadienne, on placera une étoile, figure de Marie, dans la partie bleue, qui est la couleur symbolique des personnes consacrées à la Vierge sainte. Cette étoile Stella Maris, qui doit guider la petite colonie acadienne à travers les orages et les écueils, sera aux couleurs papales pour montrer l'inviolable attachement à la Sainte Église, notre mère.» (Le Moniteur acadien, le 28 août 1884)
Armoiries
Les armoiries de la Société Nationale de l'Acadie étaient dévoilées à Miscouche, Île-du-Prince-Édouard, le samedi 31 août 1996 par Son Excellence, le très honorable Roméo LeBlanc, gouverneur général du Canada.
Les armes suivantes étaient concédées et assignées à la Société Nationale de l'Acadie: D'azur à une goélette d'argent habillée d'or soutenue de deux burelles ondées du même, arborant au grand mât une bannière d'argent flottante à senestre et inscrite ACADIE en lettres de sable, le tout surmonté de l'étoile de l'Acadie rayonnante d'or; Et pour devise: L'UNION FAIT LA FORCE.
La Fête nationale de l’Acadie
La Convention nationale de Memramcook conduit aussi à l’adoption d’une date pour célébrer la fête nationale de l’Acadie. Après bien des débats animés, les délégués s’entendent sur le jour de la fête de Notre-Dame de l’Assomption, patronne de l’Acadie, célébrée le 15 août.
Hymne national acadien
En 1884, lors de la deuxième Convention nationale des Acadiens, tenue à Miscouche, à Île-du-Prince-Édouard, l’Ave Maris Stella est choisi comme hymne national de l’Acadie. Au moment du lever du drapeau que les Acadiens viennent de se donner, le tricolore français orné d’une étoile dorée, l’abbé Richard entonne ce chant bien connu de tous. Proposé par Pascal Poirier, adopté par l’assemblée, l’air de l’Ave Maris Stella servira désormais pour rallier le peuple dans un même chant.
Ce choix est, par la suite, remis en question pour diverses raisons, entre autres parce que certains n’aiment pas qu’un chant d’église soit chanté lors de fêtes où l’on sert de l’alcool. On suggère d’autres chants, mais aucun n’est retenu. En 1984, cent ans plus tard, la question n’est toujours pas réglée, mais c’est encore l’Ave Maris Stella que l’on chante, même en latin, à l’occasion des manifestations patriotiques.
En 1994, la Société Nationale de l’Acadie lance un concours invitant le public à créer une version française de l’Ave Maris Stella. C’est le texte de Jacinte Laforest, journaliste à La Voix acadienne (un hebdomadaire de l’Île-du-Prince-Édouard), qui remporte les honneurs. Cette version est chantée pour la première fois lors du spectacle de clôture du premier Congrès mondial acadien, par l’auteure-compositrice-interprète Lina Boudreau. Voici les paroles de la version française, chantée sur l’air de l’Ave Maris Stella:
Ave Maris Stella
Dei Mater Alma
Atque Semper Virgo
Felix Coeli Porta (bis)
Acadie ma patrie
À ton nom je me lie
Ma vie, ma foi sont à toi
Tu me protégeras (bis)
Acadie ma patrie
Ma terre et mon défi
De près, de loin tu me tiens
Mon cœur est acadien (bis)
Acadie ma patrie
Ton histoire je la vis
La fierté je te la dois
En l’avenir je crois (bis)
Ave Maris Stella
Dei Mater Alma
Atque Semper Virgo
Felix Coeli Porta (bis)
Marie, la patronne du peuple acadien
Au cours de la Convention nationale de 1881, les délégués acadiens réunis à Memramcook élisent Notre-Dame de l’Assomption, comme patronne de la collectivité acadienne. Il n’est pas étonnant que le peuple acadien se place ainsi sous la protection de la Vierge, car la France a été consacrée à Marie sous le règne de Louis XIII, à l'époque même de la fondation de l'Acadie.
Évangéline
Le personnage fictif d’Évangéline est la plus connue des héroïnes acadiennes que la littérature ait produites. Dans les dernières décennies du 19e siècle et la première partie du 20e siècle, elle suscite une prise de conscience collective chez de nombreux Acadiens et Acadiennes à la recherche d’un sentiment d’appartenance à une identité culturelle.
Le poème Evangeline: A Tale of Acadia, de l'Américain Henry Wadsworth Longfellow, a été publié en 1847. Il raconte l'histoire d'amour de deux jeunes prétendants, Évangéline et Gabriel, qui ont grandi ensemble dans le village de Grand-Pré. Il décrit ce coin du monde comme une terre de paix et d'abondance, un paradis terrestre, une Arcadie du Monde Nouveau. Ce paradis est perdu lors de l'événement tragique de la Déportation (1755-1763). Les deux fiancés sont séparés, placés dans des bateaux différents qui transportent leur cargaison humaine vers les colonies britanniques situées le long la côte atlantique et devenues par la suite les États-Unis d'Amérique.
Dans la deuxième partie du poème, Évangéline recherche son fiancé, Gabriel. Après de longues années de pérégrinations, elle aboutit à Philadelphie et renonce finalement à retrouver son amour. Elle devient alors sœur de la Charité et se consacre au service des malades et des plus démunis de la ville. Au bout de quelque temps, une épidémie de variole fait des ravages dans la population. Parmi les malades amenés à l’hôpital où elle travaille, Évangéline reconnaît un jour son Gabriel. Celui-ci, mourant, expire dans ses bras. Le cœur brisé, l'héroïne ne tardera pas à suivre son fiancé dans la tombe.
Dans le poème, Évangéline est dépeinte comme une personne loyale, modeste, altruiste, fidèle, patiente et pieuse. Bref, elle représente l'idéal de la femme victorienne. Son courage, ses épreuves et son amour immuable pour Gabriel ont conquis l'admiration et le respect de générations de lecteurs, en Acadie et ailleurs.
Évangéline
Le personnage fictif d’Évangéline est la plus connue des héroïnes acadiennes que la littérature ait produites. Dans les dernières décennies du 19e siècle et la première partie du 20e siècle, elle suscite une prise de conscience collective chez de nombreux Acadiens et Acadiennes à la recherche d’un sentiment d’appartenance à une identité culturelle.
Le poème Evangeline: A Tale of Acadia, de l'Américain Henry Wadsworth Longfellow, a été publié en 1847. Il raconte l'histoire d'amour de deux jeunes prétendants, Évangéline et Gabriel, qui ont grandi ensemble dans le village de Grand-Pré. Il décrit ce coin du monde comme une terre de paix et d'abondance, un paradis terrestre, une Arcadie du Monde Nouveau. Ce paradis est perdu lors de l'événement tragique de la Déportation (1755-1763). Les deux fiancés sont séparés, placés dans des bateaux différents qui transportent leur cargaison humaine vers les colonies britanniques situées le long la côte atlantique et devenues par la suite les États-Unis d'Amérique.
Dans la deuxième partie du poème, Évangéline recherche son fiancé, Gabriel. Après de longues années de pérégrinations, elle aboutit à Philadelphie et renonce finalement à retrouver son amour. Elle devient alors sœur de la Charité et se consacre au service des malades et des plus démunis de la ville. Au bout de quelque temps, une épidémie de variole fait des ravages dans la population. Parmi les malades amenés à l’hôpital où elle travaille, Évangéline reconnaît un jour son Gabriel. Celui-ci, mourant, expire dans ses bras. Le cœur brisé, l'héroïne ne tardera pas à suivre son fiancé dans la tombe.
Dans le poème, Évangéline est dépeinte comme une personne loyale, modeste, altruiste, fidèle, patiente et pieuse. Bref, elle représente l'idéal de la femme victorienne. Son courage, ses épreuves et son amour immuable pour Gabriel ont conquis l'admiration et le respect de générations de lecteurs, en Acadie et ailleurs.